Forces armées asiatiques

MFDIS et exportation d’armes, deux voies pour accélérer la modernisation de l’armée indienne ?

Depuis plusieurs décennies, le budget des forces armées indiennes souffre d’un décalage entre les montants prévus par la planification et les ressources véritablement allouées. Un rapport récent de la Commission indienne des Finances en vue du prochain plan quinquennal (2021-26) apporte quelques recommandations, dont la création d’un fonds spécifique, le Modernisation Fund for Defence and Internal Security (MFDIS). Tandis que l’Inde cherche à indigéniser son équipement militaire, et ce, depuis plusieurs décennies afin de limiter sa dépendance aux importations, le pays est également aujourd’hui un exportateur de systèmes d’armes. Quels enjeux pour la modernisation de l’armée indienne dans un contexte tendu en Indopacifique ? Un fonds pour combler l’écart Le rapport de la Commission indienne des finances (disponible ici) émet plusieurs recommandations afin d’améliorer à la fois l’équipement, mais également de nombreux aspects de la vie des forces armées et plus globalement de renforcer la sécurité du pays, intérieure et extérieure. Pour les

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Questions de sécurité régionale

Le QUAD et l’Indopacifique, une division du travail entre Inde/France et États-Unis ?

Du 4 au 7 avril 2021, dans le cadre de la mission « Jeanne d’Arc 2021 », la marine française a organisé et dirigé un exercice naval avec les marines indienne, américaine, australienne et japonaise, soit les membres du QUAD. Arrivés au port de Kochi fin mars, le PHA Tonnerre et la frégate Surcouf ont assuré la coordination pour l’exercice « La Pérouse » avec différents types de navire du QUAD, ainsi que des avions de patrouilles maritimes P-8I de la marine indienne. Plus qu’une nouvelle étape dans la coopération entre et la France et l’Inde, il se dessine un « QUAD Plus » dans lequel la France et d’autres nations européennes (comme le Royaume-Uni) démontrent leur intérêt pour la région Indopacifique, tout comme l’UE qui souhaite définir une stratégie commune sur ce thème. Aussi, quel est l’état de la coopération franco-indienne ? Quelle place revendique la nouvelle administration américaine dans la promotion

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Questions de sécurité régionale

L’ASEAN et ses partenaires en Asie, une « centralité » bancale

Du fait des tensions récurrentes entre les États-Unis et la Chine, le rôle que peut jouer l’ASEAN en Asie est étudié de près. En effet, l’association doit composer avec le renforcement du concept d’indopacifique défendue par Washington et ses alliés tandis que la Chine, partenaire commercial indispensable pour l’ASEAN, y voit une forme d’endiguement dirigée contre elle. Ayant profité du premier sommet de l’East Asia Summit en 2005 pour définir son rôle comme central en Asie, elle risque de se retrouver prise au piège de deux pôles de puissance bien distincts. La centralité de l’ASEAN, définition En fait, il y en a deux, celle revendiquée par l’ASEAN qui veut garder un rôle central dans l’évolution et la définition d’une architecture régionale en Asie du Sud-est, comme elle l’a rappelé dans son rapport, Asean Outlook on the Indo-Pacific. Et une autre, la centralité de l’ASEAN qui se situerait elle au cœur

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Tensions sino-indiennes

Le LaC qui cache la forêt

Il aura fallu attendre la neuvième rencontre, le 24 janvier, pour qu’un plan de désengagement soit défini, ceci afin de diminuer les tensions autour du Lac Pangong Tso et de mettre un terme à la plus grave confrontation sino-indienne depuis 50 ans. Néanmoins, le désengagement concerne principalement ce qui est désigné comme des « fingers » autour de la partie nord du lac, des saillies montagneuses proches de la Line of Actual Control. Une question de doigté Dans cette zone, l’Inde situe la LAC au niveau du finger 8 tandis que la Chine situe la sienne au niveau du finger 2. L’été dernier, la construction par l’APL d’une route reliant le finger 4 au finger 8 sera une des causes du déclenchement de l’affrontement en 2020, son achèvement aurait de facto déplacé la LAC au niveau du finger 4, empêchant toutes patrouilles indiennes au-delà de ce point. Afin de reprendre l’initiative, des

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Espace et balistique

En l’absence d’un droit spatial, un risque accru d’un « big bang orbital »

Si l’exploration de Mars est au cœur de l’actualité spatiale récente, la multiplication des missions scientifiques vers la planète rouge, ainsi que vers la lune, démontre le renouveau de l’intérêt pour l’espace extra-atmosphérique. Intérêt scientifique, voir économique, pour les corps célestes, mais également plus stratégiques pour l’espace extra-atmosphérique à proximité immédiate de la terre. L’espace est plus ou moins réglementé par des traités qui datent des années 1960 et 1970 tandis que les acteurs spatiaux rencontrent aujourd’hui des difficultés pour définir les bases d’un droit spatial, ce qui alimente une délicate compétition entre eux. Brève histoire de la régulation spatiale…. Malgré la volonté des Nations unies qui, par la résolution PAROS (Prevention of an Arms Race in Outer Space) votée en 1981, cherchaient à redéfinir les traités qui encadrent encore aujourd’hui la conduite des activités humaines dans l’espace extra-atmosphérique, ou celle de l’Union européenne et de son code de conduite

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Questions de sécurité régionale

Le Royaume-Uni et l’Indopacifique, le retour à l’est de Suez

L’Observer Research Foundation publie un rapport sur la stratégie britannique dans la région indopacifique. En se basant sur les orientations de politique étrangère définies par Londres en mars 2020, le rapport de l’ORF présente les trois éléments qui ont poussé le Royaume-Uni à définir, lui aussi, une nouvelle stratégie pour l’indopacifique : la Chine, l’impact économique du Brexit et les liens entre Londres et Washington. Cependant, on peut également s’interroger sur les positions indienne et japonaise quant à la volonté affichée des Britanniques de revenir « au-delà de Suez ». Le FOIP, Free and Open Indo Pacific à l’européenne Bien que cette notion d’indopacifique reste à définir plus clairement, la référence à l’action de la Chine (non-respect de l’intégrité territoriale et posture économique qualifiée d’agressive) est le dénominateur commun sous-entendu de toutes les stratégiques définies jusque-là. Il est probable que, sous l’action des États membres, l’Union européenne présente elle aussi une telle stratégie.

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Tensions sino-indiennes

Malgré les négociations, les tensions persistent

Tandis qu’une nouvelle négociation, la neuvième depuis l’affrontement de Galwan, doit permettre une désescalade durable des tensions sur la frontière sino-indienne, plusieurs éléments peuvent tempérer l’optimisme. Bien qu’une majorité d’Indiens (57%) préfèrent que cette situation se règle par la négociation (alors qu’ils étaient 59% à envisager une guerre en aout 2020)[1]Mood of the Nation poll: Not war, Indians feel talks best way to end LAC dispute with China, … Continue reading, c’est l’ensemble de la frontière sino-indienne qui voit le contentieux se raviver. Il n’est plus seulement question du Ladakh, de la partie occupée du Cachemire et du Corridor économique Chine-Pakistan ou du projet de barrage chinois, des troubles auraient eu lieu au Sikkim tandis que la Chine aurait bâti des infrastructures en Arunachal Pradesh. Nouveau déploiement de troupes, espionnage et cartographie 3D de l’ensemble de la frontière par la Chine, cela sur fond de révélations américaines et de « communiqués » de

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États membres et Asie

L’Indopacifique, vecteur de rapprochement entre l’Inde et l’Europe ?

L’Indopacifique En novembre 2020, les Pays-Bas furent le troisième État membre à présenter un concept de stratégie pour la région Indopacifique, après la France en 2018 et l’Allemagne en septembre 2020(voir l’actualité). Au centre de ces stratégies, la relation avec l’Inde, la protection des routes commerciales et l’attitude à adopter face à la montée en puissance de la chine et de ses prétentions. D’autres états membres européens, comme l’Italie, ou un pays européen comme le Royaume-Uni sont en pleine réévaluation de leurs liens avec l’Inde, mais sans avoir à ce jour clairement accepté ce concept. Dans le cas du Royaume-Uni post-Brexit, le Premier ministre devait y effectuer son premier voyage officiel à l’occasion du Republic Day, l’aggravation de la pandémie ayant entrainé l’annulation de la visite. Cependant, un vaste accord commercial est en négociation. Avec l’Italie, les liens se resserrent entre Rome et Delhi, mais il ne faut pas perdre

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Questions de sécurité régionale

L’Inde renforce sa présence dans l’océan indien et au-delà…

Alors que le chef d’état-major de la marine indienne a déclaré qu’un troisième porte-avions était « absolument nécessaire » afin de protéger les cotes, l’Inde renforce sa coopération avec plusieurs pays, que ce soit par le renouveau du dialogue avec ses voisins et l’océan indien, mais aussi par des exercices militaires conjoints dans le cas du SITMEX. Le dialogue trilatéral Inde-Sri Lanka-Maldives En 2011, l’Inde et les Maldives ont débuté un dialogue sur le thème de la sécurité maritime afin de renforcer la coopération entre garde-côtes et lutter contre plusieurs menaces, dont le terrorisme, et différents trafics. Rejoints en 2012 par le Sri Lanka, ce dialogue fut reconduit en 2013 et 2014, mais il aura fallu attendre 2020 pour que la quatrième session ait lieu. Elle s’est tenue à Colombo la semaine passée avec la présence du Conseiller à la sécurité nationale indien, Ajit Doval et des ministres de la

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Inde et Chine en Asie du Sud

Inde, Chine et Bangladesh : la question de l’eau

L’Inde et le Bangladesh Depuis les années 1970, la volonté indienne de domestiquer le Gange est source de tension dans les relations indo-bangladaises. Afin d’assurer l’approvisionnement du Bengale occidental et le fonctionnement du port de Calcutta, l’Inde a construit en 1975 le barrage de Farakka, situé seulement à 11 km de la frontière. Plus que de l’eau, ce barrage retient les sédiments, ces derniers pouvant jouer un rôle essentiel pour protéger les terres de la montée des eaux, au Bangladesh, mais également dans l’état indien du Bihar. Une étude parue en 2017 estime que la quantité de sédiments transportée par l’ensemble Gange-Brahmapoutre-Meghna est passée d’environ deux milliards de tonnes par an en 1997 à 500 millions de tonnes en 2015. Selon l’étude, l’accumulation de sédiments favorise les inondations en amont du barrage tandis qu’en aval, cela peut accroitre la vulnérabilité du trait de côte. L’accord conclu en 1996 entre l’Inde et

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