Questions de sécurité régionale

Le Royaume-Uni et l’Indopacifique, le retour à l’est de Suez

L’Observer Research Foundation publie un rapport sur la stratégie britannique dans la région indopacifique. En se basant sur les orientations de politique étrangère définies par Londres en mars 2020, le rapport de l’ORF présente les trois éléments qui ont poussé le Royaume-Uni à définir, lui aussi, une nouvelle stratégie pour l’indopacifique : la Chine, l’impact économique du Brexit et les liens entre Londres et Washington. Cependant, on peut également s’interroger sur les positions indienne et japonaise quant à la volonté affichée des Britanniques de revenir « au-delà de Suez ». Le FOIP, Free and Open Indo Pacific à l’européenne Bien que cette notion d’indopacifique reste à définir plus clairement, la référence à l’action de la Chine (non-respect de l’intégrité territoriale et posture économique qualifiée d’agressive) est le dénominateur commun sous-entendu de toutes les stratégiques définies jusque-là. Il est probable que, sous l’action des États membres, l’Union européenne présente elle aussi une telle stratégie.

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Dans les organisations

L’Inde et le multilatéralisme, vers une nouvelle approche ?

L’Inde dispose pendant deux ans d’un siège au Conseil de sécurité des Nations-Unies et elle assurera la présidence du G20 en 2023. Alors que le système de Bretton Woods fait peu de cas de l’évolution du monde et que Delhi est de plus en plus critique envers l’absence de représentativité du Conseil de sécurité, qu’elle cherche des solutions parallèles, où en est le rapport de l’Inde avec le multilatéralisme ? Une relation complexe La relation que l’Inde entretient avec l’idée du multilatéralisme fut marquée dès ses débuts par la déconvenue sur la question du cachemire. La première fois que l’Inde a fait appel à l’ONU, c’était en 1948 pour que l’organisation tranche sur la question de la souveraineté sur le Cachemire, ce qui a conduit à un statu quo inacceptable pour New Delhi. Bien qu’adhérant aux principes de l’ONU, elle ne pouvait accepter que le principe du Conseil de sécurité soit

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États membres et Asie

Le triangle France-Inde-Émirats arabes unis, genèse d’une alliance de raison ?

Delhi et Paris partagent la vision d’une indopacifique libre et ouverte, un constat régulièrement mis en avant lors de leur échange diplomatique. Mais la notion même d’indopacifique est très large, s’étendant géographiquement jusqu’aux abords du golfe persique. Et dans cette région, la France et l’Inde ont tissé de solides relations avec un pays, les Émirats arabes unis. Alors que le conflit autour du Qatar s’est adouci, qu’Israël est diplomatiquement plus proche d’une partie du monde arabe, il reste en suspend la question du nucléaire iranien et du rôle de Téhéran dans le golfe ainsi qu’en Afghanistan. La coopération entre l’Inde et la France Dans le contexte des tensions sino-indiennes et du soutien apporté à l’Inde par la France, c’est la coopération dans le domaine de la défense qui peut être mis en avant. Les deux pays sont de grandes démocraties, mais le rapprochement franco-indien est aussi dû à des intérêts

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Inde et Chine en Asie du Sud

L’Inde et la baie du Bengale, entre BIMSTEC et Myanmar

Dans le contexte du coup d’État au Myanmar, quelle est la place de l’Inde dans le tissu multilatéral régional, en particulier au sein du BIMSTEC qui regroupe tous les pays de la baie du Bengale ainsi que le Bhutan et le Népal ? Le renforcement du partenariat entre l’Inde et le Japon peut-il aider Delhi à s’affirmer dans son voisinage ? La Bay of Bengal Initiative for MultiSectoral Technical and Economic Cooperation en 2021 Traditionnellement, l’Inde peut montrer quelques réticences à s’engager dans le multilatéralisme régional et lui préfère le bilatéralisme. Si l’échec de la SAARC peut être imputé aux tensions indopakistanaises, le BIMSTEC, créé en 1997, aurait pu servir la Look East Policy initiée par Narasimha Rao en 1991, mais c’est sous l’ère de Narendra Modi et son Act East Policy que ce groupement pourrait servir la politique étrangère indienne. Concentré autour de la baie du Bengale, le BIMSTEC peut lui

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Inde et Chine en Asie du Sud

L’Afghanistan et le Népal dans le jeu des puissances régionales

Tandis qu’une affaire d’espionnage sème le trouble sur la politique afghane de Pékin, le Népal doit également composer avec ses voisins. Kaboul, nid d’espions Le 10 décembre 2020, 10 ressortissants chinois ont été arrêtés à Kaboul par le service de renseignement afghan, le National Directorate of Security. Accusés d’espionnage, ils seront rapatriés en Chine le 4 janvier après 23 jours de détention et, semble-t-il, des excuses en privé de la part du gouvernement chinois. Dans l’intérêt des relations entre Pékin et Kaboul, peu de détails ont fuité, mais l’affaire fut assez importante pour que le Président afghan, Ashraf Ghani, charge son vice-président, un ancien du NDS, de superviser les investigations. Une fausse cellule, un véritable objectif Ce qu’il en ressort, c’est que les ressortissants chinois seraient membres du Ministry of State Security, qu’ils ont été appréhendés à Kart-e-Char (banlieue ouest de Kaboul) en possession d’armes et d’explosifs et qu’au moins

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Tensions sino-indiennes

Malgré les négociations, les tensions persistent

Tandis qu’une nouvelle négociation, la neuvième depuis l’affrontement de Galwan, doit permettre une désescalade durable des tensions sur la frontière sino-indienne, plusieurs éléments peuvent tempérer l’optimisme. Bien qu’une majorité d’Indiens (57%) préfèrent que cette situation se règle par la négociation (alors qu’ils étaient 59% à envisager une guerre en aout 2020)[1]Mood of the Nation poll: Not war, Indians feel talks best way to end LAC dispute with China, … Continue reading, c’est l’ensemble de la frontière sino-indienne qui voit le contentieux se raviver. Il n’est plus seulement question du Ladakh, de la partie occupée du Cachemire et du Corridor économique Chine-Pakistan ou du projet de barrage chinois, des troubles auraient eu lieu au Sikkim tandis que la Chine aurait bâti des infrastructures en Arunachal Pradesh. Nouveau déploiement de troupes, espionnage et cartographie 3D de l’ensemble de la frontière par la Chine, cela sur fond de révélations américaines et de « communiqués » de

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UE-Inde

Le projet d’accord UE-Chine, quel impact sur les relations entre l’UE et l’Inde ?

Alors que certains États membres de l’UE, comme la France, renforcent leur coopération avec l’Inde, le projet d’accord global UE-Chine risque de peser sur les relations entre l’Inde et l’Union européenne. Dans le contexte de tensions grandissantes avec la Chine, Delhi ne peut que s’interroger sur la crédibilité de l’UE qui qualifiait Pékin de « rival stratégique systémique » quelques mois plus tôt. Cependant, partenaire stratégique depuis 2003, la relation entre l’UE et l’Inde s’est toujours déroulée à l’ombre des États-Unis, jugés plus crédibles par Delhi. Outre des domaines ciblés ou les coopérations existent, l’UE ne pèse toujours pas le poids qu’elle devrait dans la politique étrangère indienne. L’accord UE-Chine Pour l’instant un accord de principe qui doit encore être ratifié, l’accord global sur les investissements (Comprehensive Agreement on Investment, CAI), fruit d’une longue négociation de sept ans, s’attaque à un contentieux historique dans la relation sino-européenne, la réciprocité dans le domaine

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États membres et Asie

L’Indopacifique, vecteur de rapprochement entre l’Inde et l’Europe ?

L’Indopacifique En novembre 2020, les Pays-Bas furent le troisième État membre à présenter un concept de stratégie pour la région Indopacifique, après la France en 2018 et l’Allemagne en septembre 2020(voir l’actualité). Au centre de ces stratégies, la relation avec l’Inde, la protection des routes commerciales et l’attitude à adopter face à la montée en puissance de la chine et de ses prétentions. D’autres états membres européens, comme l’Italie, ou un pays européen comme le Royaume-Uni sont en pleine réévaluation de leurs liens avec l’Inde, mais sans avoir à ce jour clairement accepté ce concept. Dans le cas du Royaume-Uni post-Brexit, le Premier ministre devait y effectuer son premier voyage officiel à l’occasion du Republic Day, l’aggravation de la pandémie ayant entrainé l’annulation de la visite. Cependant, un vaste accord commercial est en négociation. Avec l’Italie, les liens se resserrent entre Rome et Delhi, mais il ne faut pas perdre

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La politique de sécurité et de défense commune

Le cyber comme élément de l’autonomie stratégique européenne

La stratégie européenne de cybersécurité doit permettre à l’UE de protéger ses intérêts et d’assurer son intégrité numérique. Il ne s’agit pas seulement de se prévenir contre des cyberattaques visant des intérêts sécuritaires, mais aussi de protéger tous les aspects d’une société connectée, allant des hôpitaux, du transport aérien, du processus démocratique ou encore de l’approvisionnement énergétique. Cette mise à jour de la stratégie doit, par elle-même, mais aussi par la coopération internationale, assurer aux citoyens et aux entreprises européennes un usage sûr du cyberespace. Quatre domaines sont considérés comme vulnérables et doivent être protégés : 1 – La protection du marché intérieur 2 – Permettre l’application du droit national et international 3 – La diplomatie 4 – La défense Pour apporter des solutions, le document se divise en trois parties principales : 1 – Resilience, technological sovereignty and leadership 2 – Building operational capacity to prevent, deter and respond 3 – Advancing

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La politique de sécurité et de défense commune

L’espace comme élément de l’autonomie stratégique européenne

Le 16 décembre dernier, la Commission européenne et le Haut Représentant ont présenté la stratégie européenne de cybersécurité, le même jour était conclu un accord entre la Présidence du Conseil et le Parlement européen définissant le programme spatial de l’UE pour les années 2021 à 2027. Si ce jour reste symbolique, il est pour l’idée d’une autonomie stratégique européenne d’une importance capitale. Un domaine devenu incontournable L’espace est devenu un enjeu sécuritaire comme tout territoire terrestre, la surveillance spatiale (Space Situational Awareness, SSA et Space surveillance and tracking, SST), la surveillance du domaine maritime (Maritime Domain Awareness, MDA), le renseignement, la surveillance et la reconnaissance (Intelligence surveillance and reconnaissance, ISR) devant être intégrés dans les stratégies de sécurité nationale. Il était plus facile d’observer à partir d’un Key Hole que d’un U2 quand les satellites restaient hors d’atteinte. Cependant, le développement des technologies antisatellite (ASAT) s’est accéléré ces dernières années. Aveuglement

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