Le Tibet entre Inde et Chine

 

Figure 3.1[1]Sénat français, http://www.senat.fr/ga/ga77/ga774.gif

Le Tibet jusqu’en 1950, entre Britanniques, Chinois et Russes.

Le Tibet tient une place importante dans le contentieux entre les deux géants asiatiques. Du fait de sa localisation stratégique, coincé entre la Chine et l’Inde, mais aussi proche de l’Afghanistan et de l’influence russe, cette région fut un des centres d’attention de l’Asie pendant plusieurs siècles. Il fut sous domination mongole pendant le règne de la dynastie Ming (1368-1644) et les liens entre les guerriers mongols et les chefs spirituels tibétains étaient alors très importants. C’est un des conquérants mongols, Altan Khan (1507-1582), qui donna le titre de Dalaï-lama aux chefs de l’école bouddhiste des Gelupka en 1578. Lors de la chute de la dynastie Ming et l’avènement de la dynastie Qing (1644-1911), d’origine mandchoue, de nombreuses tribus mongoles ne reconnaissaient pas l’autorité impériale et se révoltèrent, en particulier au Tibet en 1717.

En 1720, l’empereur Kangxi envahit le Tibet pour y établir un protectorat et soumettre la région. À la fin du dix-huitième siècle, la Compagnie anglaise des Indes orientales (British East India Company) commença à l’explorer pour évaluer son potentiel commercial. Pendant tout le dix-neuvième siècle, la Grande-Bretagne et l’Empire russe se disputèrent l’Asie centrale. En 1876, par les accords de Chefoo qui permettaient à l’Angleterre d’ouvrir cinq nouveaux ports en Chine, les Britanniques reconnurent explicitement la souveraineté chinoise sur le Tibet en demandant aux autorités compétentes la fourniture des passeports nécessaires pour entrer au Tibet, ce faisant ils créaient une zone tampon entre eux et l’expansion russe.

Les Britanniques étaient satisfaits de la situation et exerçaient une sorte de contrôle sur les aires tribales du nord-est du sous-continent indien. Cependant, en 1903, le vice-roi des Indes s’inquiétait de la progression de l’influence russe et il organisa l’expédition de Younghusband à Lhassa en 1904. Younghusband était un officier britannique dont la mission était de faire signer aux Tibétains une convention définissant la frontière entre le Sikkim et le Tibet et d’autoriser la présence de marchands du sous-continent au Tibet.

Cette convention fut ratifiée également par la Chine en 1906. En 1907, Britanniques et Russes étaient parvenus à la conclusion qu’il était dans leur intérêt que le Tibet reste sous la suzeraineté chinoise, ils signèrent une convention dans ce sens qui définissait une zone tampon et neutre de la Perse au Tibet pour séparer les deux empires. Lors du renversement de la dynastie mandchoue en 1911 et la proclamation de la République de Chine, la présence chinoise au Tibet s’affaiblit, les Tibétains se révoltèrent et les expulsèrent. Sun Yat-Sen, le président chinois, déclara que le Tibet, la Mongolie et le Xinjiang étaient des provinces chinoises, mais il réalisa que le Tibet ne pouvait être pacifié tant que le Dalaï-lama n’y était pas présent. Il l’invita à revenir, ce qu’il fit en janvier 1913, mais le Dalaï-lama refusa de reconnaître la souveraineté de Pékin et déclara l’indépendance du Tibet. Un Tibet indépendant ou un Tibet entièrement sous domination chinoise ne convenait pas aux Britanniques. Ils étaient en faveur d’une autonomie élargie, mais sous suzeraineté. C’est dans ces circonstances que les Britanniques organisèrent la conférence de Simla en 1913 qui réunissait des représentants tibétains, Chinois et Britanniques pour discuter du tracé de la frontière orientale. Mais de 1914 à 1950, sans présence chinoise et sans aucun contrôle du gouvernement chinois sur la région, on peut considérer que le Tibet était de facto indépendant.

Références

Références
1Sénat français, http://www.senat.fr/ga/ga77/ga774.gif