Avec les puissances au 20ème siècle

L’Inde et l’Europe

Les gouvernements européens voyaient d’un mauvais œil les appels pressants formulés par Nehru en faveur de la décolonisation. Cependant, la construction européenne ne le

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Avec les puissances au 20ème siècle

Les liens sino-soviétiques

L’URSS reconnaît la République populaire de Chine dès le 3 octobre 1949, suivie par la plupart des démocraties populaires d’Europe orientale. Même si des

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L’Inde avec l’URSS et la nouvelle Russie

C’est après la mort de Staline que l’Inde se rapprochera d’une URSS en quête d’appuis extérieurs. La visite de Khrouchtchev à New Delhi en 1955 lança la voie d’une coopération indo-soviétique de grande ampleur. Le dirigeant soviétique visita le Cachemire indien, apportant son soutien à l’Inde sur cette épineuse question, tandis que New Delhi ne votait pas la résolution des Nations Unies demandant le départ des troupes soviétiques lors des événements de Hongrie. Moscou ne ménagera pas ses efforts pour aider au développement économique de l’Inde et pour soutenir ses initiatives sur la scène internationale. Ils feront notamment usage de leur droit de veto pour faire échouer à plusieurs reprises des résolutions occidentales de l’ONU en faveur de l’organisation d’un référendum au Cachemire[1]Mohammad-Arif Aminah, L’Inde et sa puissance, 2003..

Une relation privilégiée 

Cette coopération atteignit son apogée lors de la signature en août 1971 du « Traité de paix, d’amitié et de coopération » et c’est grâce aux armes soviétiques que l’Inde remporta une victoire facile en décembre. La tentative américaine de faire pression sur l’Inde pendant le conflit[2]Stern Henri, « Inde-Russie : d’un empire, l’autre », Outre-terre, 2003. poussa New Delhi à demander à ce que l’océan Indien soit une zone de paix[3]Jaffrelot Christophe (Dir.), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, Paris, Fayard, 1997, p. 159. et, devant le blocage américain sur la question, elle décidera d’accélérer le développement de sa marine tandis que l’essai nucléaire indien de 1974 et l’état d’urgence promulgué par Indira Gandhi de 1975 à 1977 empêchaient un rapprochement indo-occidental. Malgré les alternances politiques qui suivent la défaite du Parti du Congrès aux élections générales en 1977, les relations privilégiées avec l’URSS ne seront pas remises en question, mais on assistera à une tentative de rééquilibrage entre l’Est et l’Ouest de la politique étrangère indienne tandis que l’Inde et la Chine tentaient de normaliser leurs relations. Aussi, tant que l’URSS privilégiait sa relation avec l’Inde, avec le conflit sino-soviétique en arrière-plan, qu’elle y voyait une porte d’entrée vers les pays du Tiers-monde et que les États-Unis soutenaient le Pakistan, la situation ne pourrait pas évoluer. De plus, l’assistance militaire soviétique permettait à l’Inde de soutenir une politique de puissance dans sa région et l’opposition indienne au Pakistan, qui soutenait les moudjahidines en Afghanistan, ne pouvait qu’arranger l’URSS. À la différence de la Chine et des États-Unis, l’URSS ne cherchait pas trop à s’immiscer dans les affaires de la région d’Asie du Sud.

L’impact de la politique de Gorbatchev

C’est avec les changements provoqués par l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev que la relation Inde-URSS allait changer. Le moment le plus important de cette réorientation soviétique fut le discours de Vladivostok en 1986 qui laissait prévoir que l’URSS allait désormais privilégier sa relation avec la Chine. Les Soviétiques entamèrent leur retrait d’Afghanistan, firent pression sur leurs alliés vietnamiens pour qu’ils se retirent du Cambodge et réduisirent leur présence militaire aux frontières sino-soviétiques[4]Kapila Subhash, India-Russia strategic cooperation: Time to move away, 2000.. En 1991, la dissolution de l’URSS signifiait pour l’Inde la perte de son principal allié et un isolement international sur fond de crise financière. Elle poussa les décideurs indiens à procéder à une diversification de leurs relations internationales et à la libéralisation économique avec laquelle l’Inde perdit peu à peu son image socialisante tandis que, parallèlement, la Russie et la Chine se rapprochèrent et que les relations indo-russes connurent des hauts et des bas. En effet, Boris Eltsine accepta en 1992 de construire une centrale nucléaire dans le sud de l’Inde, de signer un nouveau traité en 1993 prolongeant celui de 1971, mais dans le même temps elle refusa de vendre des composants essentiels nécessaires au programme spatial indien et envisageait même de vendre des armes au Pakistan.

Poutine et le retour de l’Inde dans la politique étrangère russe

Poutine sera l’architecte du réchauffement des liens indo-russes avec un approfondissement de la coopération militaire et des relations commerciales[5]Kapila Subhash, Russia-India strategic partnership in contempory geopolitical context, 2010.. Cependant, tandis que les relations sino-russes se développaient et que la Russie acceptait de vendre des armes à Pékin, le problème se posait de l’interdépendance militaire indo-russe. En effet, en 2000, près de 75 % des équipements de l’armée de terre indienne provenaient de Russie, 80 % pour l’armée de l’air et 85 % pour la marine. Tandis qu’à la même période, 800 entreprises russes dans le domaine de la défense dépendaient des contrats indiens pour survivre. En octobre 2000, ils signèrent un « partenariat stratégique » pour renforcer leur relation bilatérale ou ils se prononçaient pour un monde multipolaire, position rappelée en février 2007 lors d’une rencontre trilatérale entre ces deux pays et la Chine[6]Cartwright Jan, « India and Russia: Old Friends, New Friends », South Asia Monitor, 2007.. En 2007, Vladimir Poutine fut le premier président russe à être invité aux célébrations du jour de la République, l’année où ils célébraient le 60e anniversaire de l’établissement de leur relation diplomatique. La Russie renouvelait alors son soutien à l’Inde sur la question du Cachemire ainsi que les aspirations indiennes à un siège permanent au CSNU. Dans le même temps, l’implication croissante de l’Inde dans sa relation avec les États-Unis inquiétait les Russes, l’Inde semblant vouloir jouer sur les deux tableaux. Malgré cela, lors de la visite du ministre russe de la Défense en septembre 2008 à New Delhi, l’accord sur la défense fut prolongé de dix ans et la coopération technique dans ce domaine s’intensifia avec plus de 200 projets développés en commun. La visite de Poutine en mars 2010, cette fois en tant que Premier ministre, et celle de Medvedev en décembre 2010 entraînèrent la signature de nouveaux accords de coopération, principalement dans le secteur énergétique et dans la lutte contre le terrorisme.

Références

Références
1Mohammad-Arif Aminah, L’Inde et sa puissance, 2003.
2Stern Henri, « Inde-Russie : d’un empire, l’autre », Outre-terre, 2003.
3Jaffrelot Christophe (Dir.), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, Paris, Fayard, 1997, p. 159.
4Kapila Subhash, India-Russia strategic cooperation: Time to move away, 2000.
5Kapila Subhash, Russia-India strategic partnership in contempory geopolitical context, 2010.
6Cartwright Jan, « India and Russia: Old Friends, New Friends », South Asia Monitor, 2007.