Les frontières népalaises entre Inde et Chine

Fermées depuis le 24 mars après le déclenchement de l’épidémie de Covid-19, les frontières népalaises sont au centre des relations avec ses voisins. Avec l’Inde, une réouverture et le retour du libre passage sont d’une importance vitale pour les travailleurs népalais qui exercent en territoire indien, de six à huit millions de personnes, mais le Népal y reste opposé. Avec la Chine, la construction d’infrastructures en territoire népalais ravive le problème du tracé, en particulier autour d’une borne frontalière spécifique, la 57, érigée en 1962.

Avec l’Inde, une frontière qui s’est militarisée

La pandémie a mis à terre le principe de frontières ouvertes entre l’Inde et le Népal. Malgré des blocus pétroliers imposés par l’Inde, comme en 1989 ou 2015, ou lors d’élections, il n’est pas nécessaire de posséder un visa pour aller travailler en Inde, et vice-versa. Cependant, pour contrer la propagation du virus, les armées indienne et népalaise avaient été déployées sur la frontière avec la mission d’empêcher toutes traversées, y compris par la force.

Cela n’empêche pas les Népalais de profiter du terrain pour tenter de regagner les villes où ils occupaient un emploi avant la pandémie. Aujourd’hui, l’Inde envisage le déploiement de moyens technologiques pour renforcer sa surveillance avec l’utilisation de dispositifs laser ou infrarouges, connectés à des satellites. Et les autorités népalaises ne semblent pas tenir compte de l’appel lancé par le milieu des affaires en faveur d’une réouverture rapide de la frontière, voire même de quelques points de passage.

Avec la Chine, un autre problème de tracé

Similaire à la situation de la frontière sino-indienne et à son tracé, la délimitation de leur frontière commune repose sur des incompréhensions qui prennent leurs racines au 18ème siècle. Un pan de l’accord commercial signé en 1775 entre les autorités népalaises et tibétaines rappelait que les frontières restaient inchangées. Mais dès 1778, le Népal, déçu par l’accord commercial, attaqua le Tibet et s’établit dans de nombreuses zones, comme Khasa et Kuti. Il faudra attendre mars 1856 pour qu’un traité de paix, le traité de Thapathali, soit signé et qu’ainsi, un accord soit trouvé sur le tracé.

Et ce n’est qu’avec le rattachement du Tibet à la chine, suite à l’opération militaire en 1950, que le Népal devient un pays frontalier de la Chine. Le traité de 1856 sera remplacé en 1960 par un accord de démarcation finalisé par un traité en octobre 1961. Malgré cet accord, le tracé n’était pas clairement défini dans certaines zones, les autorités laissant cela aux us et coutumes. Ainsi, 32 zones restaient indéfinies, mais 79 bornes frontalières seront néanmoins dressées.

Après deux décennies sans conflits, marquées par un entretien régulier des bornes et des rencontres bilatérales, des tensions sont apparues autour du pilier 57 et de son tracé, mais également sur la propriété du mont Everest, voir de sa hauteur, les Chinois la définissant à 8844.43 mètres, les Népalais à 8848 mètres.

Nous retrouvons ici des problèmes similaires à ceux rencontrés sur la frontière sino-indienne, une frontière qui ne fut pas clairement définie par les Britanniques à une époque où la principale menace n’était pas la Chine, mais la Russie. Les discussions sino-népalaises sur le tracé sont en pause depuis 2005, ce qui n’empêche pas la Chine, selon le Népal, d’empiéter sur son territoire.

Plus de détails sur (en anglais) :

Border disputes between China and Nepal

Why the reopening of the Nepal-India border would serve the interests of both countries