L’UE et la gouvernance globale post-covid, quatre scénarios à défendre

Défendre ses intérêts ou promouvoir ses valeurs ? L’Union européenne est elle capable d’avancer sur ces deux axes dans un monde post-covid alors que la difficulté d’approvisionnement en matériel médical de toutes sortes a rappelé la dépendance de l’UE dans ce domaine.

Cependant, défendre ses intérêts et c’est alors la compétition la plus acharnée entre l’UE et ses partenaires, mais aussi potentiellement au sein de l’UE tandis que promouvoir ses valeurs est un concept qui fait déjà partie des politiques européennes, mais il s’agirait alors de l’élever à un autre niveau dans la coopération internationale. Ceci afin de créer une « cooperative governance » au niveau des États et un « ethical capitalism » dans la sphère privée, entreprises et ONGs qui intégreraient les valeurs sociales et environnementales dans leurs stratégies.

La gestion des ressources naturelles de tous types se trouvant au cœur du dilemme entre la défense des intérêts nationaux et la coopération internationale, l’étude du Parlement européen a intégré cet élément pour imaginer quatre scénarios sur la place qu’occuperait l’Union européenne dans la gouvernance mondiale de l’après-Covid 19.

Les éléments de l’étude pour l’Union européenne

L’étude revient sur l’idée européenne de gouvernance, la place de l’État et la dichotomie entre la défense des intérêts et des valeurs dans la définition de l’action extérieure de l’UE avant de présenter un bilan global de l’utilisation de l’eau, de l’occupation des sols, de la gestion des forêts et des ressources énergétiques ainsi que leurs impacts sur la gouvernance.

  • Competitive capitalism: Ne disposant pas de ressources en quantité suffisante, l’UE doit s’appuyer sur un marché mondial régulé. Cependant, en temps de crise, les frontières peuvent être fermées et les chaines d’approvisionnement perturbées, le marché intérieur doit donc être capable d’y faire face. Pour cela, au niveau global, le respect des règles du marché défini par l’OMC est essentiel tout comme la recherche d’approvisionnement alternatif au niveau régional.
  • Strategic autonomy: Plutôt qu’être à la recherche d’approvisionnement, il serait plus judicieux de trouver des produits de substitution locaux ou de réduire la consommation de certaines ressources. Cependant, les énergies renouvelables ne peuvent se substituer dans tous les cas aux énergies fossiles, le cout des relocalisations industrielles n’est, de plus, pas négligeable et cette autonomie stratégique économique est indissociable d’une autonomie stratégique dans le secteur de la défense.
  • Cooperative governance: Si l’UE est déjà familière avec ce concept, la crise du Covid-19 démontre néanmoins qu’en interne, des crises peuvent apparaitre entre les États membres. De plus, la gestion de la crise par les organismes multilatéraux comme l’OMS est très critiquée, tout comme sa dépendance à un financement privé, son manque de transparence et des soupçons de corruption. Sur ces points, l’UE doit prendre le leadership afin d’atteindre les Sustainable Development Goals définis par l’ONU, un leadership reposant sur l’ambitieux Green Deal et ses autres politiques.
  • Ethical capitalism: Dans ce scénario, c’est le fonctionnement du marché qui évolue. Plutôt que ses défauts soient en partie corrigés par la charité et la philanthropie, ce sont les consommateurs qui demandent des produits plus écologiques et plus équitables. Ainsi, le secteur privé s’adapte, tout comme le système bancaire tandis que les gouvernements et l’UE favorisent la réglementation et la création de labels afin de promouvoir un capitalisme éthique. Mais ce dernier peut également n’être qu’une excuse pour faire du profit, l’idéalisme n’étant là qu’un intérêt commercial. De plus, il s’agit de s’entendre sur la définition même d’éthique.

Plus de détails sur (en anglais) :

Four EU scenarios for governance in a post Covid-19 world