Vers une privatisation des Ordnance Factory indiennes ?

En février 2019, l’explosion d’une munition destinée à un canon antiaérien avait blessé 5 militaires, dont un, grièvement. Auparavant importées de Suède, ces munitions étaient désormais produites par l’industrie de défense indienne, mais ni la qualité, ni la sécurité, n’étaient pas encore optimales. Plutôt que remettre en question la chaine de production des OFs et le contrôle qualité, ce seront les militaires qui, accusés de mauvaise manipulation, seront désignés comme les responsables de l’accident. Le problème est que désormais, les servants des batteries antiaériennes se méfient de ces munitions et sont extrêmement prudents, donc plus lents, ce qui dans la défense antiaérienne est un sérieux désavantage.

Dès le début des années 2000, plusieurs commissions avaient suggéré un changement dans l’organisation des OFs. Ainsi, en 2000, le rapport T.K.A Nair proposait la conversion de l’Ordnance Factory Board en Ordnance Factory Corporation Limited. En 2004, le Dr Vijay Kelkar pointait le fait que dans leur fonctionnement actuel, elles ne pouvaient répondre aux attentes ni s’engager dans la recherche-développement afin de moderniser leur production. En 2014 et 2015, deux rapports, Raman Puri et Shekatar, recommanderont le lancement d’un processus de privatisation de l’OFB. Parallèlement, grâce aux joint-ventures et aux partenariats qu’elles ont engagés, les DPSUs ne connaissaient pas ces problèmes.

Suite à des incidents similaires à répétition, comme la mort de 16 soldats dans l’explosion de mines défectueuses en 2016, le gouvernement indien à décidé en mai 2020 de débuter ce processus.

L’IDSA dresse ainsi un rapport très critique sur le fonctionnement de ces OFs, sur leur incapacité à atteindre les quatre objectifs principaux :

  • Fourniture d’équipements de munition,
  • Modernisation des sites,
  • Obtention de transferts de technologies,
  • Satisfaire le client.

Par exemple, seulement 1% du budget de l’OFB est dédié à la modernisation et les 41 OFs n’utilisent que 51% de leur capacité de production sans pour autant prospecter de nouveaux débouchés, ce dernier point dépendant aussi de l’aval du gouvernement central.

Pour aller plus loin (en anglais) :

The Imperatives of Ordnance Factory Corporatisation

Need to speed up OFB corporatisation, say defence officials