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L’Inde et les États-Unis, un arc de démocratie ?

La prise de distance de Washington à l’égard du Pakistan en 1990 suite au retrait soviétique d’Afghanistan et la nouvelle politique économique auraient pu être des facteurs d’un rapprochement indo-américain qui tardera pourtant à se faire. Le problème principal était posé par la question nucléaire, car l’Inde refusait de signer le TNP assimilé à un « apartheid nucléaire ». C’est lors du second mandat de Clinton que la position américaine commencera à évoluer, ainsi qu’avec l’arrivée au pouvoir en Inde du BJP qui n’affichait ni sensibilité socialisante, ni antiaméricanisme virulent. Aussi, les visites de hauts représentants américains seront plus fréquentes, mais un rapprochement avec les États-Unis ne pouvait pas s’opérer au prix d’un renoncement au nucléaire alors que les essais indiens entraînaient des sanctions. La crise du Kargil sera le premier signe d’un changement de politique de la part de Washington qui fera pression sur le Pakistan pour qu’il se retire, soutenant alors diplomatiquement la position indienne. De plus, les Américains déclareront que le Cachemire était un problème qui devait se résoudre de manière bilatérale[1]Heinrich-Agostini Sophie, La relation triangulaire entre la Chine, l’Inde et les États-Unis depuis la fin de la guerre froide, 2008..

La relation indo-américaine sous Clinton et Georges W. Bush

Clinton se rendra en Inde en mars 2000 et le Premier ministre indien aux États-Unis en septembre 2000, mais le problème nucléaire n’avait pas pour autant disparu, la seconde administration Clinton n’en a juste plus fait une priorité et a privilégié l’amélioration des relations bilatérales. L’Inde représentait un atout dans la politique asiatique américaine, étant proche de l’Asie du Sud-Est et au cœur de l’océan Indien, mais Washington restait focalisée sur la Chine et ne voulait pas mettre cette relation en péril en se rapprochant trop rapidement de New Delhi. L’administration de Georges W. Bush mettra à profit l’héritage légué par Clinton et cherchera à améliorer la relation indo-américaine en accentuant cette fois son intérêt sur l’Inde. Quand les États-Unis annonceront en mai 2001 leur intention de développer leur projet de bouclier antimissile, l’Inde appuiera la démarche et la visite du secrétaire d’État adjoint à Delhi pour expliquer la position américaine renforça l’impression que les États-Unis voulaient consulter l’Inde sur les questions importantes de la politique étrangère américaine. Il s’agissait donc d’établir un contrepoids face à la Chine et d’assurer un contrôle de la région stratégique de l’océan Indien. Après la levée des sanctions imposées suite aux essais, plusieurs accords seront signés. Le premier en janvier 2004, le Next Steps in Strategic Patnership (NSSP) portait sur quatre domaines différents ; une collaboration dans le domaine du nucléaire, dans l’industrie spatiale civile, un commerce plus développé dans les hautes technologies et un dialogue sur la défense antimissile.

L’accord sur le nucléaire civil

Malgré le changement de majorité suite aux élections indiennes à la mi-2004, le retour du Parti du Congrès au pouvoir n’entraîna pas de changements de politique étrangère, comme le craignaient les décideurs américains. Un accord de défense sera signé en juin 2005, avec la mise en place de nombreux exercices militaires en commun, puis ce sera l’US-India Civil Nuclear Cooperation Initiative en mars 2006, le but étant de retirer de l’équation le problème de la non-prolifération. L’Inde sera désormais qualifiée de « partenaire stratégique » et n’ayant jamais transféré de technologie nucléaire vers d’autres États, le pays sera reconnu comme une « puissance nucléaire responsable » et non comme un pays proliférateur, à l’inverse du voisin pakistanais[2]Jaffrelot Christophe (Dir.), New Delhi et le monde. Une puissance émergente entre realpolitik et soft power, Paris, Éditions Autrement, 2008, p. 59.. L’accord final sur le nucléaire civil fut ratifié en octobre 2008 par le Congrès américain, après avoir été approuvé par les 45 pays membres du NSG. L’Inde et les États-Unis étaient désormais liés pour au moins 40 ans, Washington s’engageant à fournir du matériel et des équipements nucléaires à l’Inde afin qu’elle se constitue une réserve stratégique de combustible et les entreprises américaines fussent à nouveau autorisées à construire des réacteurs nucléaires dans ce pays.

En contrepartie, l’Inde doit séparer ses programmes nucléaires civil et militaire et placer sous contrôle de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) 14 de ses 22 réacteurs et poursuivre son moratoire sur les essais nucléaires. Vu des États-Unis, cet accord a suscité une vive polémique à Washington. En effet, il peut à la fois favoriser la prolifération et créer un précédent, car l’exception indienne ouvre une brèche dans le TNP, permettant à l’Inde de devenir le seul État non-signataire du traité autorisé à commercer avec les pays exportateurs de matériel nucléaire civil. De plus, les entreprises américaines ne sont pas favorisées pour la construction de centrales, le français Areva ou le russe Rosatom étant déjà présents en Inde. Les Indiens ont d’ailleurs signé un accord de nucléaire civil avec la France en septembre 2008 tandis que les Russes s’apprêteraient à faire de même. Cependant, permettre à l’Inde de développer son énergie nucléaire assurait également une pression moindre sur le marché des hydrocarbures.

Références

Références
1Heinrich-Agostini Sophie, La relation triangulaire entre la Chine, l’Inde et les États-Unis depuis la fin de la guerre froide, 2008.
2Jaffrelot Christophe (Dir.), New Delhi et le monde. Une puissance émergente entre realpolitik et soft power, Paris, Éditions Autrement, 2008, p. 59.